Chap I - Art RELIGIEUX - de l'époque MEROVINGIENNE et CAROLINGIENNE à l’ART ROMAN
La lente transformation de l’architecture religieuse
durant les périodes MÉROVINGIENNE et CAROLINGIENNE,
aboutissant à l’éclosion de l’ART ROMAN
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C’est donc à faire ce voyage initiatique que nous invitons nos lecteurs, pour suivre pas à pas, la redécouverte par nos ancêtres du savoir faire Antique, l’enrichissant des apports techniques des nouveaux arrivants pour finalement enfanter de L’ART ROMAN .
La quasi absence de bâtiments remontant à ces époques rend difficile l’étude de leur architecture et de leur décoration ; pourtant c’est dans la matrice de ces lointaines époques que s’est lentement enfanté l’art Roman . Mr Louis Bréhier est un des rares spécialistes a en avoir dressé un tableau précis . C’est donc par une plongée dans l’art et l’architecture de cette période qui va du V éme siècle A.p J.C jusqu’à la fin du X éme siècle, que nous pouvons essayer de mettre en lumière les improvisations des artisans . Ainsi, durant les temps Mérovingiens, quelques tentatives individuelles débouchèrent sur la construction de grands édifices, entraînant la résurgence de la pratique de métiers destinés à embellir les églises ; ces essais de restauration des arts du bâtiment débouchant, au début de l'époque Carolingienne, sur des progrès rapides dans certains arts, efforts, toutefois lents et pénibles, tentant d’en faire un tout cohérent .
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Chapitres I à XIX
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I - La RUPTURE brutale
de la transmission des arts du bâtiment
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L'irruption des peuples, autrefois qualifiés de « Barbares «, a brutalement interrompu la transmission des traditions artistiques de l'antiquité Gallo-Romaine . Si les Francs, les Burgondes, les Wisigoths ont su s'amalgamer aux populations latines, s'ils ont adopté certaines de leurs institutions, la durée de leur conquête, les désordres, avaient été trop longs ; cessant de travailler, les artistes n’avaient pu assurer la transmission de certaines techniques tombant dans l’oubli, et de fait leurs successeurs durent improviser . Ainsi les arts classiques disparurent, pour un temps, de la Gaule .
C'est sous l'influence de l'Orient que de nouveaux principes artistiques vont se répandre en Gaule . Cet apport de l'Orient se réalisa par deux voies très différentes :
- La première est celle de la lente migration des peuples nomades à travers l'Europe, leur permettant d’absorber les arts d’autres cultures .
- La seconde, plus directe, est celle de la Méditerranée, par le contact avec les communautés monastiques de l'Asie Mineure et de l’Égypte, et par le commerce avec les marchands orientaux qualifiés alors de « syriens « .
II - Une nouvelle tradition esthétique
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Ainsi, peu à peu, une esthétique nouvelle très différente de celles des artistes romains, s’introduisit en occident ; une rupture de tradition où l'art négligeant l'imitation directe de la nature, abandonnant l’exactitude ou l’idéalisation de l'art gréco-romain, interprète les formes animées, les déforme au gré de l'imagination parfois extravagante des décorateurs . Ceux-ci orchestrent l'ornement pour lui-même et c'est une transcription stylisé, quasi géométrique qui leur plaît . Les figures humaines ou animales, les végétaux, sont sciemment transformés et schématisés devenant d’étranges abstractions linéaires . Cette esthétique nouvelle consacrant tout à l'effet décoratif et aux couleurs éclatantes, prône l'usage des métaux précieux, des pâtes de verre de couleur enchâssées dans le cuivre ou dans ou dans l'or, des tissus historiés aux tons variés, qui deviendront la règle décorative .
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Tissus historiés : présentant des personnages et des animaux
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III - INTERACTION entre la bijouterie
et le nouvel ART LITURGIQUE MÉROVINGIEN
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Les peuples dits « barbares «, qui s'établirent en Gaule avaient apporté avec eux un art, l’orfèvrerie, leurs comportements nomades ne leur permettant pas d’autre expression artistique . Les tombes franques ont fourni une quantité considérable d'objets de parure et d'armes décorés de cette « orfèvrerie cloisonnée » où des cabochons, des tables de verre étaient insérés dans de minces feuilles de métal . Or partout où ces peuples se sont arrêtés au cours de leurs migrations à travers l'Europe, on retrouve ces mêmes objets .
Les Scythes et les Sarmates ont transmis aux Goths, aux Francs, aux Lombards et aux Vandales, l’art de cette bijouterie qu'on retrouve aussi bien dans les tombes du Caucase, qu'en Crimée et en Ukraine, en Hongrie, en Allemagne, en Gaule, en Lombardie et en Afrique du nord .
Les Francs de l'époque mérovingienne continuèrent ces traditions . Jusqu'au VIII éme siècle, ils eurent d'habiles orfèvres . Les grands plats de métal qu'on appelle des « missorias «, les objets liturgiques, les châsses, les vases sacrés ont le même décor que les bijoux des tombes franques et cette orfèvrerie est rehaussée, suivant la même technique, de verres cloisonnés . M. Bréhier remet en honneur l'art « barbare « en montrant que ce goût du contraste du métal et du verre, cet attrait des objets brillants, ce parti de stylisation dans l'ornement, cette technique de l'orfèvrerie ont eu des effets importants, et parfois bien imprévus, dans la création de l’art occidental du moyen-âge .
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IV - De l’orfèvrerie à la nouvelle
SCULPTURE PRE-ROMANE
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M. Bréhier fait pour l'époque mérovingienne une observation importante : les sculpteurs de ce temps ont parfois, dans le décor de la pierre, fait intervenir les verres de couleur comme le faisaient les orfèvres dans le métal . Ainsi la tombe de Boetius évêque de Carpentras ( fin du VI éme siècle ) est ornée de pâtes de verre disposées dans des cavités ménagées dans la pierre . L' Hypogée de l'abbé Mellebaude, à Poitiers, présente des pierres décorées d'inscriptions gravées et de personnages, gravés en très bas relief ; dans ce décor, sur les encadrements, dans les rosaces, dans les rinceaux de feuillages, sur les ailes des archanges Raphaël et Raguel, on voit l’inclusion de plus de quatre cents morceaux de verres bleu foncé, vert émeraude, violet, blanc laiteux, fixés à l'aide de mortier dans des alvéoles .
M. Bréhier retrouve le même procédé employé sur les fragments du chancel de Saint-Irénée de Lyon et sur un panneau encastré dans un mur de l'église de Fiquefleur ( Eure ) .
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Chancel : Muret sculpté séparant le Coeur de la nef d’une église -
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A ces lointaines époques, on utilisa même ces techniques pour décorer l’intérieur des églises : ainsi aux frontons du Baptistère S. Jean de Poitiers, des marguerites à six pétales et des rosaces étaient ornées de cabochons de verre de couleur .
Aux exemples donnés par M. Bréhier ajoutons en quelques autres : à Vézéronce et à Vienne deux chrismes, le premier de la fin du V éme siècle, gravés dans le marbre sont ornés de gemmes .
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Le Chrisme est un symbole chrétien datant du christianisme primitif . Il est formé des deux lettres grecques Ι ( iota ) et Χ ( khi ) ; des initiales de Ἰησοῦς Χριστός ( « Jésus-Christ » ) - puis des deux lettres grecques Χ ( khi ) et Ρ ( rhô ) - des deux premières lettres du mot « Christ » - l'usage de cette dernière graphie, qui est associée au premier empereur romain chrétien Constantin Ier, s'étant imposé sur la première . Le Chrisme est surtout présent en Orient, plus spécifiquement dans la partie orientale de l'ancien Empire romain .
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On remarque, sur le sarcophage de Saint Léonien à Vienne, des paons gravés dans la pierre qui becquettent des grappes de raisins ; les grains de raisin sont figurés par des trous qui devaient être sertis d’éclats de verre . Dans le décor de stuc qui pendant le haut-moyen âge remplaça très fréquemment la pierre lorsqu'il s'agissait de faire des ornements en relief, ce relief était rehaussé de petites boules de verre de couleur .
L'art roman conservera ce procédé inspiré incontestablement de l'orfèvrerie cloisonnée des « nouveaux arrivants « .
V - SYRIAQUES et COPTES
inspirateurs de l’art ROMAN ?
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L'art de notre pays fit énormément d'emprunts au second courant d'influences orientales issu des monastères byzantins et coptes, qui jouirent d'une grande prospérité pendant les premiers siècles du moyen âge ; mais aussi, aux marchands orientaux, tous désignés sous le nom de « syriens « , qui en très grand nombre parcouraient la Méditerranée et entretenaient des comptoirs dans de nombreux ports de Gaule .
Les pèlerinages vers Jérusalem organisés dès le IV éme siècle, par la venue en Occident des moines orientaux tels que saint Abraham né en Mésopotamie et qui fonda près de Clermont un monastère, enrichirent ces courants d’idées .
De plus les moines d'Occident, partis en Orient étudier la vie monastique, tels que saint Honorât qui après un voyage en Grèce fonda en 405 le monastère de Lérins, et Jean Cassien, qui fut moine en Palestine, et séjourna en Égypte puis à Constantinople avant de fonder en 415 deux monastères à Marseille, rapportèrent une vision artistique nouvelle .
Les commerçants du Levant important mille objets variés destinés aux églises, ( ornements liturgiques, ivoires, vases sacrés ) favorisèrent l’implantation des principes des arts orientaux dans nos églises . L’usage d'une quantité considérable de tissus précieux, dont on imita les ornements dans d'autres œuvres artistiques, devint la note dominante de l'art religieux de notre pays durant plusieurs siècles . Le témoignage le plus tangible qui nous reste de ce style ornemental que cultivèrent les nouveaux maîtres de la Gaule s'observe dans les miniatures des livres liturgiques .
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VI - Les MANUSCRITS inspirés par l’Orient
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Les manuscrits Francs, Lombards, Wisigothiques et Irlandais contiennent des miniatures où la figure humaine tient peu de place, où l'artiste se contente de dessiner des encadrements d'entrelacs et de tresses sinueuses ; apparaissent alors en gaule, des animaux exotiques tirés certainement des manuscrits orientaux, gypaètes et autres rapaces, paons, lions et léopards, serpents entrelacés, poissons groupés d'étrange façon pour former de grandes initiales aux couleurs éclatantes .
Les enlumineurs irlandais venus en Gaule à la suite de saint Colomban, fondateur de plusieurs monastères dont celui de Luxeuil, ont poussé jusqu'à l'extravagance le goût de ces silhouettes étrangement déformées . Dans l'Évangéliaire de Dublin ( V éme siècle ) des figures humaines irréelles sont obtenues à l'aide de courbes concentriques .
Baptistère de RIEZ et mosaîques de Ganagobie - Alpes de Hte Provence
VII - La MARQUE de l’Orient
sur certains de nos édifices religieux
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L'Asie n'a pas seulement fourni aux Mérovingiens des thèmes décoratifs . Les monuments d'Orient ont, eux aussi, inspirés certains de nos édifices religieux . C'est en Orient qu'est né le monachisme et les dispositions générales des grands monastères de Syrie et d’Égypte se retrouvent dans nos abbayes Mérovingiennes et Carolingiennes .
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MONACHISME ( vie en monastère )
Dans le christianisme, l'idéal monastique se caractérise essentiellement ar la recherche de la perfection évangélique et par la séparation d'avec la vie du monde . Les moines et les moniales, occidentaux ou orientaux,ont vécu selon trois principes ; pauvreté, chasteté, obéissance ; fixés ensuite dans les vœux présidant à leur entrée dans la vie monacale .
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Le plan du grand monastère carolingien de St Gall ( fondé par Gallus compagnon de Colomban d’Irlande) , qui nous est connu au travers d’un dessin contemporain, est conforme à celui des grands établissements monastiques orientaux . Les constructeurs de Gaule, tout en imitant les basiliques romaines, ont aussi adopté pour leurs églises certains types créés en Orient . Le plan à double abside de la cathédrale de Clermont ( Chanturgue ) construite au V éme siècle par l'évêque Namatius existait en Syrie et en Afrique . Les architectes carolingiens l'adoptèrent à plusieurs reprises . Cette même cathédrale de Clermont avait son abside orientale flanquée de deux chambres latérales carrées ;
il en était de même à l'église mérovingienne de Romainmôtier . Cette disposition se retrouve dans les églises de Syrie des premiers siècles . Les Baptistères mérovingiens de Gaule étaient bâtis sur des modèles de l'Orient .Le Baptistère de Fréjus, a un plan identique à celui d'une église construite à la fin du IV éme siècle à Nysse en Cappadoce ; et le baptistère de Riez ( Alpes de Haute Provence ) est semblable à celui de Saint-Georges d'Ezra en Syrie centrale .
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VIII - Les efforts des architectes MÉROVINGIENS
pour compenser leur carences techniques
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Les architectes Mérovingiens durent retrouver les règles de l’art du bâti . Ils ne savaient plus tailler des pierres de grande taille, ni les appareiller . Leurs murs étaient faits d'un petit appareil de pierres concassées au marteau . Une assise de briques alternait avec plusieurs assises de pierres . Les architectes Carolingiens ne feront pas mieux, employant les mêmes procédés de construction .
Les uns et les autres chercheront à racheter leur inexpérience en ornant l'intérieur des murs d'un appareil décoratif :
appareil losange ou circulaire à la crypte St Paul de Jouarre, appareil en arête de poisson ou en feuille de fougère dans plusieurs églises Mérovingiennes et Carolingiennes . Parfois ils faisaient alterner, dans les arcs des baies, les claveaux de pierre et de brique . Parfois ils décoraient le haut des murs de cordons de briques saillantes formant des arcs plein cintre au dessus des fenêtres et des arcs en mitre entre celles-ci . Parfois même, ils incluaient des frises de briques, estampées d'ornements et de personnages . Ces combinaisons géométriques, ce goût de l'appareil polychrome, sont des vestiges des goûts artistiques de leurs lointains ancêtres parfois qualifiés de « barbares « .
IX - Les ÉLÉMENTS EMPRUNTES
aux ruines classiques
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Incapables de bâtir en « grand appareil «, les constructeurs mérovingiens et carolingiens ne savaient plus tailler des colonnes ; ils en empruntèrent donc aux monuments antiques .
Lorsqu'elles étaient trop longues on les sciait, ou on en enfouissait profondément la base ; parfois elles étaient trop courtes et on surélevait les chapiteaux avec un ajout de pierre .
Les chapiteaux aussi étaient la plupart du temps empruntés à des monuments gallo-romains ; ceux qu'exécutèrent les artistes de cette période restent assez maladroits d'exécution .
X - LA CREATIVITE des
DÉCORS INTÉRIEURS
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Malgré ces agencements de fortune, ces mur peu appareillées et apparemment fragiles, les églises faisaient l'admiration de leurs contemporains . Sidoine Apollinaire, Fortunat, Grégoire de Tours, vantent dans leurs écrits et chantent dans leurs poèmes la magnificence des édifices religieux s’édifiant sous leurs yeux . Ceci certifiant que leur décor intérieur était d'une grande richesse . Les murs étaient revêtus de placages de marbres de couleurs, parfois ornés de grandes fresques, avec des scènes représentant les récits évangéliques ou la vie des saints ; dans les absides on voyait des mosaïques mettant en scène des personnages sur un fond d'or ; les plafonds étaient entièrement dorés ; des vitraux de couleurs sculptaient la lumière ; des pentures de tissus richement ornés, étaient suspendues devant les fenêtres, dans les entrecolonnements, et en avant du sanctuaire ; un riche mobilier liturgique de marbre sculpté et d'orfèvrerie complétait ce décor certainement somptueux .
XI - Les EFFETS INDIRECTS de
l’OCCUPATION ARABE du NORD de l’AFRIQUE
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La plus grande partie du VIII éme siècle parait avoir été une période de décrue artistique pour la Gaule . Les textes font presque complètement silence sur l’entreprise de constructions ( ou leur décoration ) . Et les arts se délitèrent, sombrant dans une profonde décadence . Les troubles politiques, l’insécurité, l'arrêt du commerce avec l'Orient, causé par l'occupation de toute l'Afrique du nord et d'une partie de l'Espagne par les Arabes ; et la piraterie institutionnelle de leurs flottes agressives, sillonnant la Méditerranée, furent cause de cette déchéance .
Lorsque Charlemagne pris le pouvoir, il trouva les églises de Gaule dans un état déplorable . Il songea avant tout à les réparer, pour qu'on pût y célébrer décemment le culte . Ses missi dominici s’employèrent surtout à relever leurs ruines ; dans leurs rapports, il n'est guère question que de réparation de portions de murailles et de réfection de toitures . De la création architecturale de Charlemagne ne nous parviendra, en somme, que la Chapelle Palatine d'Aix-la-Chapelle .
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XII - Le RENOUVEAU du CLASSICISME
inspiré par CHARLEMAGNE
Le RÉALISME CAROLINGIEN
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L'action personnelle de l'Empereur eut plus d'effet sur le retour à la lecture de la littérature latine, et de ce fait on se réappropria l'art classique . Il fit copier un très grand nombre d'ouvrages aussi bien littéraires que liturgiques . C’est un fait indiscutable, un certain nombre d'œuvres d'auteurs latins ne nous sont connues que par des copies datant du règne de Charlemagne .
A côté des copistes, les miniaturistes travaillaient :
ils réagissent contre la décoration exubérante des manuscrits Mérovingiens, ( souvent de l'école irlandaise ) . On cherche plus de mesure et d'harmonie, la figure humaine est plus fréquemment reproduite, elle n'est plus déformée volontairement mais ramenée à des attitudes normales ; il suffit de comparer pour s'en rendre compte le Christ en majesté de l’évangéliaire de Dublin ( V éme siècle ) et celui de l’évangéliaire de Godescalc ( IX éme siècle ) . On peint des scènes de plusieurs personnages, on cherche de nouveau à glorifier la vie, et on met en scène des personnages contemporains .
La faune elle-même se transforme et à côté des animaux hiératiques empruntés aux vieux thèmes persans, réapparaissent des animaux aux formes plus réelles . Les sources auxquelles puisent les miniaturistes sont l'art byzantin officiel, solennel et majestueux, mais aussi l'art des monastères de Syrie, de Mésopotamie, de Cappadoce et d’Égypte, art plus libre, plus naturel, plus humain où des scènes évangéliques et la vie de saints sont fidèlement figurées .
L’interprétation individuelle cède la place à un cadre institutionnel ; et ce goût de l'ordre, de la mesure, se retrouve jusque dans la gravure des inscriptions sur pierre :
dans les inscriptions Mérovingiennes, les caractères de proportions inégales chevauchent des lignes dont le parallélisme est aléatoire . Désormais les lettres sont gravées avec un soin rigoureux, elles ont toutes le même format et s'ordonnent dans une symétrie harmonieuse .
Dans les peintures murales ( comme dans les miniatures ), on s’applique à représenter des scènes pleines de vie . En témoigne la découverte en 1927, dans la crypte de Saint-Germain d’Auxerre, de peintures où sont figurées l'arrestation de St Étienne, son jugement et sa lapidation avec un réalisme quasi photographique .
Parfois apparaissent même des scènes de la vie profane :
sous le règne de Louis le Pieux, au palais d'Ingelheim ( Alsace ), on pouvait admirer, sur les murs de plusieurs salles, de nombreux épisodes de l'histoire de l'Antiquité, mais aussi les exploits de Théodore, de Charles Martel et de Charlemagne ; la dernière scène était d’ailleurs consacrée à son couronnement à Rome . Ainsi, l'art n'est plus seulement décoratif, il devient réaliste et historique .
M. Bréhier a peut-être ici trop schématisé car, par exemple, les textes nous décrivent un certains nombres de mosaïques disparues, dont les personnages, au contraire des calligraphies, n’étaient pas déformés . En témoigne aussi, les fragments de bas reliefs de stuc peint de Disentis montrant des figures, imparfaites évidemment, mais où l'artiste a cherché a donner le sentiment de la vie .
Les artistes Carolingiens excellèrent à révolutionner le travail du bronze, de l'ivoire, des métaux précieux et du stuc . Dans ces matériaux malléables, ils réussirent à recréer des figures en relief . Ils réussirent aussi à transférer ces techniques dans le travail de la pierre et couvrirent de larges dalles d'ornements stylisés ( connus sous le nom d'entrelacs ) . Quelques sculptures de personnages exécutées dans la pierre et présentant une réelle qualité artistique, semblent plaider pour une hypothétique école transmettant ces techniques . Ceci fait polémique, en effet si Charlemagne avait eu autour de lui des sculpteurs, il n'aurait pas fait venir de Ravenne une statue de Théodoric qu'il fit passer pour sa propre statue ; pareillement, lui-même et son successeur Louis le Débonnaire n'eussent pas été ensevelis dans des sarcophages antiques.
Il est regrettable de constater qu’il semble ne pas avoir de notables progrès des sculpteurs Carolingiens par rapport à leurs prédécesseurs Mérovingiens . Cette renaissance de la statuaire monumentale sera surtout l'œuvre des artistes romans . Il faudra cent ans encore après l'avènement des Capétiens pour qu'ils puissent la réaliser .
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XIII - L’ARCHITECTURE CAROLINGIENNE
prend confiance et s’essaye au monumental
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Aussi pauvre en éléments techniques que l'architecture Mérovingienne, l’architecture Carolingienne tarde à innover . C'est le même petit appareil peu solide avec chaînage de briques qui est à l’oeuvre, c'est toujours le réemploi d’éléments antiques qui reste la règle . Cependant, peu à peu, des efforts sont faits dans la réalisation d'une technique d’architecture monumentale :
les compagnons de Charlemagne, Théodulfe à l’église de la Ste Trinité de Saint Germigny des-Prés, Hildebold à la cathédrale de Cologne, Angilbert à Saint-Riquior, s’enhardissent à bâtir des édifices imposants .
XIV - L’INFLUENCE MOZARABE , nouvelle
approche architecturale
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L'architecture mozarabe pratiquée par les chrétiens d'Espagne, inspirée de l'art musulman, exerce son influence sur les monuments de France . Un style constructif innovant se répand dans les provinces voisines du bassin de la Méditerranée, en Catalogne, Septimanie, Lombardie, Provence et suivant la vallée du Rhône, jusqu'en Bourgogne .
En découle la construction d’églises ordonnées suivant des principes identiques et ornées à l'extérieur des mêmes bandes ( dites lombardes ) . Ainsi par deux techniques différentes, en cette deuxième moitié du X éme siècle, les architectes s'efforcent de solutionner le problème du voûtement des églises, et de remplacer les toits charpentés par des voûtes de pierre ; ainsi graduellement, sans transition notable, dés la fin de l'époque carolingienne, se dessine les techniques de l'architecture romane . En témoignera plus tard, par exemple l’extraordinaire ÉGLISE D’AIGHUILE au Puy en Velay .
Mrs. Bréhier et Lambert ont voulu démontrer tout ce que les artistes Mérovingiens, puis Carolingiens ont emprunté à l’orient . Mais force est de constater que des influences autochtones ont tempéré ces emprunts . C’est en ce sens que M. Paul Deschamps souhaite pondérer la thèse de ses prédécesseurs, sans toucher à leur démonstration mais en l’enrichissant .
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XV
correctif, selon M. Paul Deschamps
L’INFLUENCE ITALIENNE catalyseur des influences orientales
de l’architecture religieuse occidentale
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Au VIII éme siècle, Ravenne, Rome et d'autres villes d’Italie à tour de rôles furent de grands foyers artistiques . Incontestablement , l’Italie de cette époque fut toute imprégnée d'art byzantin . D’une part, les moines Syriens et Grecs étaient nombreux à Rome . Ils s'y étaient réfugiés après l'invasion arabe ou durant la querelle des iconoclastes et ils apportèrent avec eux toutes les pratiques artistiques pratiquées dans leurs monastères et les firent revivre dans les églises qu'on leur avaient concédées .
Mais en même temps des ateliers italiens ( moines du Mont-Cassin, mosaïstes romains ), tout en adoptant certains motifs orientaux, gardèrent les traditions et les modèles latins archaïques que conservaient les églises romaines contemporaines de Justinien . L'Italie fut un carrefour où les apports divers de l'art oriental s’occidentalisaient , se métissaient avec la continuité antique ;
Tout naturellement, les églises de Gaule en recherche de modèle, s’inspirèrent de ce métissage . Nos premières églises devaient beaucoup à l'antiquité romaine, elles lui devaient leur plan basilical et leur système d'élévation et de couverture . Les Francs, dans un premier temps pillèrent les monuments païens de la Gaule romaine, mais les monuments religieux romains restaient pour eux l'emblème de la beauté, un modèle inimitable .
Partout le grand nom de Rome revient dans leurs écrits, et ils se reconnaissent barbares en comparant leurs œuvres à celles du temps de l'Empire demeurées sur leur sol, réclamant leur filiation à la civilisation romaine tout en l’enrichissant de leurs propres techniques :
ainsi Fortunat chantant les louanges du duc Launebolde ( vir barbarica prole ) qui vient d'achever à Toulouse une église digne des Romains . Ils cherchèrent à s'inspirer de leur technique, à construire des églises ( more Romanorum ) avec un grand appareil . Mais ils n'y parvinrent que bien rarement en ce pays où l'on avait perdu la pratique de la taille des pierres . Cet effort pour atteindre à l’esthétique romaine mérite d'être remarqué .
XVI - Les CATHÉDRALES de Bois éphémères
transition vers des édifices moins fragiles
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Nos architectes de Gaule, souvent hommes de races nordiques, avaient une grande expérience dans l'art de la charpenterie, dont ils faisaient un fréquent usage, ainsi donc la charpente se substitua à la voûte .
Ils tirèrent donc, un ingénieux parti de leur talent dans la construction de leurs basiliques . Plusieurs textes nous apprennent qu'on voyait parfois s'élancer au dessus de la croisée du transept d’une église, une haute tour-lanterne de bois, et peut être ont-elles inspirées les tours-lanternes des futures églises romanes ?
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XVII - Les MOSAÏQUES
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Les pavements de mosaïque étaient courants dans les palais gallo-romains . On en fit de nombreux dans nos églises mérovingiennes ; assurément on introduisait dans leur décor la faune orientale, ses gazelles, ses lions dressés symétriquement devant leur nom persan, ses griffons, modèles empruntés à des tissus persans et dont les couleurs faisaient ressembler ces pavements à de grands tapis d'Orient étendus sur le sol .
Mais c'est tout de même grâce à une tradition gallo-romaine que les ateliers de mosaïstes se maintinrent en Gaule. Quelques rares mosaïques romanes, visibles de nos jours, reprendront plus tard ce bestiaire, ainsi par exemple celles de l’église de GANAGOBIE ( Alpes de haute Provence ) .
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XVIII - LES TISSUS SOMPTUEUX
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Les étoffes ne viennent pas toutes de l'Orient, M. Bréhier croit que c'est une industrie essentiellement étrangère à l'Occident ? L’auteur dont nous nous inspirons, ne partage pas son avis .
Certes, les plus beaux, les plus précieux, ceux qui enveloppaient les reliques des saints étaient importés d'Orient, leur perfection étaient comme une marque d'authenticité des reliques venues des Lieux-Saints, et comme la coutume s'était établie de les mettre dans les tombeaux des martyrs on en achetait spécialement pour envelopper aussi les restes des saints d'Occident . Mais on suspendait avec profusion de grandes tentures dans les églises ; il parait impossible qu'on ait tout fait venir des régions lointaines ( les productions orientales n’auraient pas suffi ) .
M. Michel Andrieu, dans ses écrits, a démontré qu'à Rome les papes devaient avoir des ateliers d'ornements religieux et de vêtements liturgiques . Le « Liber Ponlificalis « nous décrit les scènes reproduites sur ces parures des églises ; beaucoup représentent des scènes apostoliques qui se sont passées à Rome, telles que la prédication de saint Pierre à Rome, ou l'histoire de martyrs honorés à Rome ( sainte Cécile, saint Valérien, saint Tiburce, saint Sylvestre et saint Martin ) . Parfois des Papes tels que Léon III ( 795 – 816 ) furent représenté sur ses tentures .
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Sources : Les origines de l'iconographie médiévale, dans Revue des Sciences religieuses (Université de Strasbourg), avril 1924
XIX - nouvelle lecture de
L'ART MÉROVINGIEN ET CAROLINGIEN
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Au monastère de Valenciennes au VIII éme siècle les religieuses créaient des ornements de soie brochée d'or et ornée de perles . Charlemagne créa des ateliers de femmes où l'on travaillait aux ornements liturgiques . Ermoldus Nigellus et Jean Scot nous apprennent que Judith, femme de Louis le Pieux, et Ermentrude, femme de Charles le Chauve, étaient fort habiles dans l'art d'orner somptueusement les vêtements . M. Bréhier insiste avec raison sur la grande part d'influence qu'ont eues les miniatures syriennes et coptes sur certaines écoles de miniaturistes d'Occident . Ainsi les canons d'Évangéliaires carolingiens encadrés d'un décor architectural se retrouvent dans des manuscrits orientaux tels que « l'Évangéliaire de Rabula copié en 586 à Zagba en Mésopotamie « . Mais il faut noter aussi la part originale de nos artistes . Ce décor architectural, ils l'ont agrémenté d'ornements pris aux églises elles-mêmes ; ces lampes, ces hanaps, ces couronnes votives, qui sont suspendus aux arcades, ils les imaginaient, comme à Saint-Riquier, suspendus aux arcades de bronze qui entouraient le sanctuaire . Enfin si le décor des manuscrits irlandais avec leurs serpents entrelacés, leurs poissons et leurs oiseaux dont les corps sont étrangement contournés pour former des initiales, peut avoir une lointaine origine orientale par son style exubérant ; il n'en est pas moins vrai que ces Irlandais imités en Gaule ont tellement transformé et renouvelé les thèmes primitifs qu'ils ont constitué un genre nouveau, qui leur était absolument propre .
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